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Commentaires sur JAVIER AGUIRRE

MARUJA MALLO

Les quatre grands classiques du cinéma sont : Dreyer, Eisenstein, Bergman, Buñuel. Ce sont quatre grands classiques avec un contenu homme-tellurique : psychologie, magie, histoire, révolution et combat. Ils ne sont pas sortis du cercle vicieux de l’anecdote. Dans le cinéma de Javier Aguirre il n’y a plus d’anecdote. Ce sont les habitants du Vide. C’est une question : « où allons-nous ? ». C’est Einstein qui a découvert que notre monde n’est pas euclidien. Les êtres du cinéma classique habitent les deux dimensions tandis que, dans ce cinéma du Vide, abstrait, trois, quatre et même, cinq dimensions, peuvent être conçues : l’espace infini, l’inconnaissable, l’incommensurable. Le cinéma jusqu’à présent, avec ces quatre sommets que sont Dreyer, Eisenstein, Bergman et Buñuel, a été euclidien, tellurique. Avec Javier Aguirre, le cinéma est einsteinien. C’est le précurseur de l’identification du cinéma avec l’abstraction absolue en faveur de la gravitation universelle.

1980

 

EUSEBIO SEMPERE

Les problèmes esthétiques que Javier Aguirre nous propose sont à la limite de ce que l’Art actuel propose en ce moment et les solutions se révèlent très efficaces, importantes et bonnes. Des solutions qui ne sont pas disponibles, je crois, du point de vue pictural.

1972

 

SUSAN SONTAG

Il y a un cinéaste en Californie qui fait des choses qui rappellent l’Anti-cinéma. Il y a surtout un film sur la bombe atomique.

 

 

NATHALIE SARRAUTE

Il est particulièrement regrettable que les expériences réalisées dans les années 1920 n’aient pas été continuées et développées et donc, c’est avec un grand plaisir que nous apprenons que ce cinéaste talentueux a entrepris et conduit ses recherches plus loin encore ; qu’en se servant de moyens d’une inépuisable richesse à la portée du cinéma, il a réussi à lui donner sa place dans l’art contemporain le plus avancé.

1979

 

SALVADOR ESPRIU

L’anti-cinéma d’Aguirre. C’est bon, on est d’accord, l’anti-cinéma, si on comprend que c’est plus que le cinéma, que c’est au-delà du cinéma, se battant contre le lieu commun peuplé d’apparence et de figures. Je pense qu’il s’agit d’une poésie authentique et donc mystérieuse …/ … ce poète singulier qui s’investit au moyen de l’image appréhendée dans sa force visuelle directe maximum …/… cet homme silencieux et plein de bonne volonté – mais non pas arbitraire – tenace comme un Basque : ce grand metteur en scène, ce créateur minutieux, ce créateur authentique qui s’appelle Javier Aguirre.

1982

 

LUIS G. BERLANGA

Javier Aguirre est en train de faire ce que nous souhaiterions faire mais qui nous est impossible pour maintes raisons et lâchetés, et il le fait aussi bien que moi dans cette illusion de l’impossible, ce qui veut dire qu’il est en train de le faire bien mieux qu’un autre avec sa caméra à la main.

1961

 

JORGE GUILLÉN

Les créations de Javier Aguirre sont en elles-mêmes des produits complets, parfaits… Aguirre, une invention vraiment originale. C’est ça notre artiste : un créateur absolument génial.

1981

 

PROFESOR BRUNO DI MARINO

Nous connaissons très peu le cinéma expérimental espagnol, en dehors de Buñuel, qui par contre a réalisé ses films d’avant-garde en France. C’est pour cela que quand nous rencontrons un auteur comme Javier Aguirre, qui a commencé ses activités de cinéaste à la fin des années 1960 et qui a tourné des films expérimentaux en 35-mm, nous sommes vraiment surpris.

2006

 

 

HENRI CHOPIN

Entre Kolar, peintre et poète, Faucheux, maquettiste et architecte, Aguirre, cinéaste et moi, il y a eu une grande coïncidence.

1972

 

CRISTOBAL HALFFTER

Nous avons trouvé un horizon très différent qui s’ouvre au cinéma. Ces films tracent le début d’une cinématographie nouvelle.

1972

 

JUAN GIL ALBERT

Tu soupçonnes la possibilité qu’entre mon « contre-le-cinéma » et ton « Anti-cinéma » il puisse y avoir un chemin parcouru de nous deux et qu’il nous serait possible de trouver des points de contact. Et donc, par des chemins différents, peut-être des sentiers, et afin de ne pas trop le séparer, au moins du point de vue philologique, je pourrais appeler le mien récréatif et le tien créateur…/… il a été pour moi-même une révélation : Visconti, ce n’est pas du cinéma. Ni ton « anti-cinéma » ni mon « contre-le-cinéma ». Visconti c’est une grandiose fin d’époque… /… Ces court-métrages qui sont le résultat visible de ta spéculation graphique, je pourrais les qualifier comme étant plus évidents que voyants, surtout puisqu’ils semblent posséder le propos de rendre au cinéma la finalité définitive de ses origines, la concrétisation et le silence dans l’eternum movile de son expressivité planétaire, toujours en silence, jamais au repos…/… Dans un de mes bloc-notes je trouve ce texte : « Y aura-t-il un temps, un jour, où les hommes n’auront pas besoin de spectacle ? Le fait, tout simplement de vivre, remplacera l’art. Le cinéma, ou l’anti-cinéma comme l’appelle Aguirre, pourrait devenir l’initiation de cette nouvelle réalité sociale.

1980

 

MANFRED MOHR

Les films de Javier Aguirre sont un cas insolite … / … je dois avouer que j’ai été vraiment surpris quand je les ai vus à Madrid, c’est-à-dire, en Espagne. Et je trouve encore plus surprenant que ces films ne fassent pas partie d’un mouvement cinématographique collectif et qu’ils soient l’expression individuelle d’un seul auteur. A Paris, par exemple, on ne tourne pas de films semblables, ni même à New York ; bien qu’il y ait de vrais films « underground » ils ne sont pas purement abstraits comme ceux de Javier Aguirre.

1972

 

JUAN DAVID GARCIA BACA

Spontanéité, nouveauté, originalité : fournisseur-improvisateur-ayant sa première. Tous tes films, que ce soit « Cero », les éléments, me donnent une impression de vie visuelle-sonore (de vie cinématographique) ou de cinéma mis, lancé à l’aventure, exposé à vivre. Héraclite disait il y a déjà plus de vingt siècles : « L’univers le plus beau est une poignée de déchets lancés au hasard ». Dans le langage actuel, et c’est le tien, profond, faisant irruption : le film le plus beau est un ensemble d’éléments (des sons, des images, des idées, des protestations…) lancés à cet hasard qui est le calcul de probabilités à la stochastique (Xenakis)… /… Xenakis m’attend. Si tu obtiens de par ton film ce qu’il obtient de par sa musique vous serez les deux à la hauteur de la science actuelle et de la technique … … Tu défends une pédagogie nouvelle.

1985

 

MARUJA MALLO

1=A=. (Un est égal à A qui est égal au Point) L’arithmétique est l’art du calcul. La science des numéros. Le chiffre magique est le trois. Le réel s’égale à l’Homme = (symboles) añadir símbolos Intelligence, sentiments et sexualité. (Le triangle, Le cœur et Le Poisson). Trois : a été identifié par les prophètes au nom de Dieu: Les Hommes sont Dieu à son image et similitude. A= Créateur, Science: la première figure géométrique A puis le Point. Lumière-Ténèbres: Blanc et Noir. La non-couleur et la couleur affirmée .

1980

 

ODYSSEUS ELYTIS

J’ai confiance en vous et à votre travail.

1981

CARLOS EDMUNDO DE ORY

Cette soif visuelle du zéro absolu découverte soudain dans les films de Javier Aguirre a été une surprise …/… Une esthétique très particulière de subjectivité magique pleine d’enchantements ; une technique rythmique très pure, élégante, pleine de poésie. En somme, un style de fascination… /… Parce qu’on oublie l’écran. Il faut tout simplement se rendre compte de ce qui se passe dans notre esprit, peut être endormi, comme si un corps astral visitait des régions de ce monde ou de l’autre.

1981

 

JAVIER RUIZ / FERNANDO HUICI

A Pamplona, sept des huit films ont été présentés : le huitième film (Che, Che, Che) a été proscrit. Nous pouvons considérer que cette projection a été un grand succès. Avec Meliès et Arakawa c’est ce qui a intéressé le plus dans la salle du festival. Et c’est sans aucun doute ce qui a obtenu la participation la plus importante. Au milieu de la douleur physique causée par les images, une voix s’écria terrorisée « C’est ça la guerre ! ». Il y a eu aussi un incident lors de la projection de « Temporalidad Interna » (temporalité interne). Après une citation retorse de Merleau-Ponty et après un instant de silence, on entendit une voix qui criait « diarrhée mentale » et qui fut contesté par le film lui-même : c’est plus obscur de ce que vous pensez. La réaction collective se fit évidente à nouveau. Des dialogues avec la bande, programmée pour dialoguer avec les spectateurs.

1974

 

JAVIER MADERUELO

Javier Aguirre va bien au-delà. Il faut dès ce jour commencer à dévoiler que ses films sur l’art ne sont pas de l’art parce que l’objet du scénario ou des images qu’il présente soient des sculptures ou des tableaux. Ils ne sont pas des documentaires d’art d’un point de vue strict. Ils sont en eux-mêmes des œuvres d’art ou au moins ils réunissent des conditions suffisantes pour devenir des œuvres d’art… /… le film même n’est pas au service de quoi que ce soit, les images ont été prises indépendamment des textes, des œuvres plastiques et de la musique. Javier Aguirre va utiliser tous ces éléments et une autre chose qui s’approche d’une façon différente de la gesamtkunstwerk, de cette œuvre d’art total qui aurait besoin d’un autre nom dessus des genres établis dans les Beaux-Arts. Mais Javier Aguirre en réalité n’est pas aussi prétentieux, il n’a souhaité que faire du cinéma, un cinéma actuel, issu de son époque, à la hauteur des approches contemporaines, un cinéma qui puisse être placé à côté du happening, de la poésie phonétique, des performances ou du nouvel espace conquis et configuré par les Arts Plastiques. C’est pour cela que Javier Aguirre fait appel, explore et exploite ce type d’expériences.

1995

 

JAVIER SAGASTIZÁBAL

C’est pour cela justement que Javier Aguirre se détache de ses camarades générationnels, un esprit vocationnel intense qui le maintient dans une constante attitude de recherche, en ce qui concerne le style cinématographique, en essayant de doter son cinéma de formes qui soient représentatives du mouvement artistique le plus moderne que nous traversons …/… la complexité architectonique de Javier Aguirre est la réponse à la complexité de la réalité de l’homme moderne …/… Et donc les formes classiques du néoréalisme se correspondent avec la conception simpliste de l’homme et de la société que ses créateurs déclaraient ; il est évident que celles-là ne sont plus suffisantes pour refléter la réalité humaine complexe d’aujourd’hui, au moins telle qu’elle est conçue par Resnais, Varda, Malle ou Aguirre. Il est clair que je me réfère à une réalité métaphysique … /… Aguirre fait preuve toujours d’un penchant chaud et cordial envers tous ces gens simples par opposition à la froideur dont il fait preuve envers le public cosmopolite et snob.

1961

 

CARLOS FERNANDEZ CUENCA

Ce que Javier Aguirre fait ce sont des documentaires, de vrais documentaires qui vous tenaillent, c’est un des héritiers les plus fidèles de l’illustre fondation de Robert J. Flaherty …/… Dans le panorama actuel de notre cinéma, il n’y a que quelques-uns qui ont essayé de l’élever et de le solenniser et d’entre eux, il n’y a aucun aussi timide, affectueux et mature que Javier Aguirre.

1961

 

FRANCISCO CANDEL

Et c’est ce que Javier Aguirre a fait au cinéma, son moyen d’expression ; il a fait un peu de tout, même l’anti-cinéma et encore le non-cinéma.

1980

 

FERNANDO MILLAN

Je pense que Javier Aguirre, surtout par sa carrière dans le monde cinématographique est à la fois un archétype et un artiste.

1972

 

MANUEL ANDUJAR

Javier Aguirre – sa loi esthétique, sa volonté à dos du destin- il casse les moules qu’il a inventé et marche sans ailes, en cherchant des sujets et des approches qui le galvanisent et de formes qui le « conjuguent ». Il n’y a pas de crainte avec lui, de maniérisme, d’inerties d’auto-trucage. Il faut le remercier. Car il est au point d’arrondir en plénitudes successives, l’équation magique de violence et d’harmonie…/… les « autres » Comment vont-ils percevoir en jus gastriques, à travers un humour cosmo-visionnaire à des marcs coulants de l’être consignés – cette flexion, inflexion et réflexion sur la violence de notre type, que Javier Aguirre impose, propose, expose ?.

1978

 

FRANCISCO UMBRAL

Un au-delà du cinéma.

1972

 

GIANNI TOTI

Javier Aguirre est un de mes vieux amis et camarade lors de mes essais visionnaires…/… je l’ai retrouvé à San Sébastien entre les jeunes cinéastes espagnols contre Franco …/… puis je l’ai rencontré à nouveau dans des livres tardifs et des barricades qui nous informaient des dernières théories de l’anti-cinéma…/… C’est un cas quasi-désespéré celui de Javier Aguirre. Un cas rare, d’un cinéaste, sceptique et en même temps cynique, qui croit en ce qu’il fait et en ce qu’il ne fait pas et qui, malgré son succès ne renonce pas à la divergence, à la « différence anthologique » -post-dialectique- entre la poésie de la recherche et la recherche de la poésie. Il n’y en a pas beaucoup qui ressemblent à Javier Aguirre. Encore pire, ils sont très peu nombreux. Probablement, il n’y a aucun qui soit comme lui.

1982

 

CARLOS SERRANO DE OSMA

C’est le moment, pour le cinéma espagnol, de commencer à considérer l’importance de la bande-son dans son sens créateur pur.

1961

 

GREGORIO PRIETO

Je ne voudrais pas dire tout ce que je ressens dans mon admiration pour Javier Aguirre car ce pourrait sembler de l’adulation, une qualité que je déteste …/… et ma grande surprise devant autant de maestria technique, dans ces réalisations qui pour moi sont une création géniale d’un cinéma nouveau, aussi parfait et équilibré que plein de beauté.

 

 

ANTONIO MARTINEZ MENCHEN

Ce cycle unitaire de huit documentaires constitue une expérience unique dans la cinématographie espagnole … /… la pauvreté et la particularité des signes font que, nécessairement le message dénotatif de ces codes soit également très pauvre. Il n’en est pas de même avec le connotatif, qui en vertu de cette pauvreté et de cette ambigüité devient spécialement enrichi, ce qui fait qu’Aguirre met en valeur, au moyen de son langage, ce qui pour certains spécialistes (comme Jakobson ou Barnes) constitue tout ce qui est spécifique du langage artistique. Personnellement je ne suis pas d’accord avec cette théorie, mais je pense que cet enrichissement des aspects connotatifs en défaut des aspects d’avant-garde …/… une grande partie des court-métrages d’Aguirre ont été constitués non pas comme un récit de faits mais comme une méditation scientifique…/… les relations entre les Arts, son inter-communicabilité ; la rupture des frontières entre le cinéma et la peinture, le cinéma et la musique, la peinture et la musique, la peinture et la poésie, le cinéma et la poésie, etc. Le fait d’établir des modules communs capables de s’exprimer à travers des langages artistiques différents, constitue également le contenu de ces films.

1974

 

CRISTINA CANO VARA

Dans ces court-métrages, le metteur en scène essaye de saper les conventions cinématographiques contemporaines afin de mettre à l’épreuve ses propres limites. Il prétend de cette façon approcher le cinéma à d’autres formes artistiques qui s’occupent déjà de faire des essais avec des nouvelles formes à un rythme beaucoup plus rapide que l’Art du cinéma… /… d’autre part, Javier Aguirre en tant qu’artiste d’avant-garde, affronte les limites conventionnelles du cinéma quand son œuvre s’immisce dans le terrain appartenant traditionnellement à d’autres formes artistiques.

 

 

 

JUAN MIGUEL GONZÁLEZ

Des propositions extrêmes qui se situent, par leur propres mérites, sur le sommet du cinéma d’avant-garde européen…/… Une expérience insolite qui prétend changer la relation habituelle entre le cinéma et le spectateur …/… Aguirre vise et fait mouche. La sempiternelle passivité du spectateur est blessée à mort. Il est impossible d’assister à une projection de ce cycle et demeurer impassible. Le spectateur affronte un défi constant ; il est le héros absolu. Ses conventions ont été dynamitées. Ses peurs paradent sur l’écran. C’est l’heure de l’exorcisme.

 

 

ROSA CHACEL

La nuit dernière j’ai vu un nombre de court-métrages signés Javier Aguirre; bons, vraiment très bons.

 

J.A.

Et quand je me suis réveillé le court-métrage continuait d’être là. Le court… peut-être le long-métrage.